État 21 – Nationalisation et privatisation des entreprises publiques
Depuis les années 2000, les entreprises publiques – aussi appelées sociétés d’État ou sociétés de la Couronne – sont en pleine reconfiguration. Ces transformations apparaissent contradictoires : on observe à la fois une montée en popularité de la privatisation de ces entreprises, qui se produit au même moment où des gouvernements recourent à la nationalisation pour réguler de nouveaux champs de gouvernance. Par exemple, lors de la légalisation du cannabis, la majorité des provinces canadiennes ont opté pour la nationalisation de la vente de cette substance. À l’inverse, la Saskatchewan s’est engagée depuis 2008 dans une vague de privatisation touchant plusieurs de ses entreprises publiques, dont la Saskatchewan Liquor and Gaming Authority, et l’Ontario a amorcé en 2015 la privatisation partielle d’Hydro One.Une évolution paradoxale
Au-delà du Canada, cette évolution paradoxale se pose aussi : des pays aux traditions opposées surprennent dans leurs décisions sur ces entreprises. Le Royaume-Uni – figure de proue historique des privatisations depuis les gouvernements de Margaret Thatcher – opte pour la renationalisation d’entreprises qui avaient été privatisées, tandis que la France – traditionnellement associée au dirigisme étatique – a amorcé en 2018 une vague de privatisation partielle ou complète de différentes structures publiques.
Des transformations qui concernent les citoyens
Ces questions sont importantes pour la population, puisque les citoyens sont des actionnaires indirects de ces entreprises. Par exemple, 10 % des revenus de l’État québécois proviennent des bénéfices de ses sociétés d’État, en particulier d’Hydro-Québec, de Loto-Québec et de la Société des alcools du Québec, d’où leur surnom de « vaches à lait de l’État ».
Nos questionnements
Comment expliquer ces processus contrastés et pourtant simultanés de privatisation et de nationalisation des entreprises publiques ? Comment expliquer la résurgence récente de mouvements de privatisation, qui avaient marqué la période 1985-1995 au Canada ? Pourquoi plusieurs de ces privatisations sont-elles partielles plutôt que complètes ? Ce sont les questions qu’État 21 entend éclairer.
24 juin 2020