La
renationalisation consiste en une opération où l’État reprend en charge une entreprise ou un secteur d’activité qui avait été précédemment privatisé. Il s’agit d’un phénomène assez récent et souvent lié à la faible performance de la gestion privée des entreprises privatisées pendant les décennies 1980-1990. Plusieurs de ces entreprises, en orientant l’ensemble de leurs décisions vers un objectif de stricte rentabilité, ont diminué la qualité de leurs services et ont parfois cessé de desservir certaines zones géographiques, ne répondant plus alors aux besoins de la population. Ces divers dysfonctionnements peuvent conduire l’État à renationaliser un secteur d’activité pour y atteindre des objectifs autres que seulement économiques.
Les coûts d’une renationalisation varient d’un secteur à un autre, mais ils demeurent toujours considérables. Pourtant, bien que la renationalisation corresponde à une logique clairement interventionniste, des gouvernements d’allégeances politiques diverses y ont eu recours. On peut penser au premier ministre du Royaume-Uni Boris Johnson, qui a, au moment de son entrée en poste en 2019, procédé à deux renationalisations alors qu’il est un élu conservateur
3.
La renationalisation est en effet à l’ordre du jour au Royaume-Uni. Des sondages ont montré en 2017 que plus de 60 % de la population était favorable à cette opération dans les secteurs ferroviaires, de la gestion de l’eau, de la poste et de l’énergie
4. L’une des renationalisations effectuées concerne les activités ferroviaires de la
Northern Rail qui avait été privatisée dans les années 1990 et gérée depuis par Arriva, une filiale de Deutsche Bahn
5. Le service offert par cette entreprise a été qualifié de cauchemardesque par le premier ministre Johnson. L’augmentation des tarifs pour les passagers a amené une baisse de l’achalandage et ainsi des revenus, entraînant une diminution subséquente des investissements dans les infrastructures, engendrant donc un mécontentement généralisé de la clientèle contribuant à une nouvelle baisse de l’achalandage
6. Ce cercle vicieux a incité le gouvernement britannique à procéder à la renationalisation de la
Northern Rail en 2020.